Blog

Hollande ouvre sa porte aux frondeurs

Hollande ouvre sa porte aux frondeurs

La question faisait débat au sein de l’exécutif. Hollande l’a tranchée à sa façon  : hollandaise en diable! Les frondeurs seront reçus à dîner, mercredi 10 mars, à l’Élysée, par le chef de l’État. Non pas uns par uns, comme à confesse. Mais en groupe, comme pour une grande explication. Dans le petit groupe des députés socialistes qui, depuis prés d’un an, attente régulièrement à la discipline majoritaire et qui vient de contraindre le gouvernement de passer en force, via le 49.3, pour le projet de loi Macron, il ne devrait manquer à l’appel que Jean-Jacques Germain, proche de Martine Aubry et prévenu trop tard pour qu’il puisse le libérer à temps.

Fini le temps, en tous cas, où Manuel Valls et ses proches, relayés par le cœur des députés PS, évoquaient l’idée de sanctions. Ce mot-là, il est vrai, ne figure pas au répertoire du président. Depuis quelques semaines, François Hollande n’a pas mâché ses mots pour dénoncer ceux qui, à ses yeux, ont brisé net «l’esprit du 11 janvier». Il a expliqué que dans l’affaire Macron, les frondeurs avaient fait perdre à leur parti quelques dizaines de cantons stratégiques. Il a répété enfin qu’il n’était pas question pour lui de changer un iota de la ligne économique du gouvernement. Et pourtant… En recevant les frondeurs, le président de la République estime, certes, qu’un bon dialogue vaut mieux qu’un mauvais procès, au pis, un divorce forcé. Il n’empêche que ce rendez-vous secret, qui désormais ne l’est plus, est un geste qui, sans valoir absolution, a valeur de conciliation.

Ceux qui le combattait encore, ces deniers jours, notamment à Matignon, faisaient valoir qu’il serait très mal reçu par tous les parlementaires socialistes, fidèles au gouvernement, et qui n’en peuvent plus de voir certains de leurs collègues, leur mettre des bâtons dans les roues et prendre la lumière des médias à leur seul profit. Dans la situation qui est celle du PS à la veille des départementales et du congrès de Poitiers, en juin, ce sont là des arguments que François Hollande dit comprendre mais qui lui semblent secondaires face à l’urgence de la situation. Comme toujours, le président craint comme la peste la fragmentation. Il estime que la clé de la réussite, aujourd’hui et plus encore dans la perspective de 2017, est celle du rassemblement. La difficulté pour lui est pouvoir montrer en même temps de l’autorité et de la compréhension, de savoir dialoguer tout se déclarant hostile à la moindre inflexion de ligne. Le roi de la synthèse n’a rien changé de ses vieux réflexes mais, en l’occurrence, il n’est pas au bout de ses peines.