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Les six leçons d’un scrutin socialiste

Les six leçons d’un scrutin socialiste

1 – Le congrès de Poitiers est terminé. Il peut désormais… commencer. L’enjeu désormais est de savoir ce que Jean-Christophe Cambadélis va faire de sa victoire. A deux ans de la présidentielle, le plus probable est qu’il va tenter de l’utiliser pour faire d’un PS exsangue mais conservateur, le pôle du rassemblement de la gauche réformiste autour de la candidature de François Hollande. Tout cela aura peu d’effets sur la ligne du gouvernement. Celui-ci considère que le retour à la croissance valide sa ligne économique et sociale. Il peut sans doute bouger à la marge quand viendra l’heure du bilan sur le pacte de responsabilité avec un partage des aides moins favorable aux entreprises que prévu initialement. Quant à la réforme fiscale, symbolisée par la retenue à la source pour l’IRPP, ceux qui la souhaitent vraiment, vus les délais impartis, n’ont plus qu’à souhaiter que François Hollande fasse un second mandat… CQFD !

2 – La nouvelle majorité du PS est hétérogène puisqu’elle va de Gérard Collomb à Martine Aubry et qu’elle rassemble sociaux-libéraux affichés et sociaux-démocrates de toujours. Mais la précédente l’était davantage encore puisqu’elle comprenait les amis de Benoit Hamon et un certains nombre de responsables socialistes devenus frondeurs. La nouvelle majorité maintient ses positions. Elle sera plus facile à gouverner qu’auparavant. Pour maintenir son unité fragile, ces derniers mois, elle devait en dire le moins possible. Elle a désormais les moyens de son projet. À condition, bien entendu, que celui-ci existe…

3 – Jean-Christophe Cambadélis n’est plus un premier secrétaire désigné. Il vient d’acquérir la légitimité qui lui manquait encore. Aujourd’hui, il est le seul responsable socialiste à être certain d’être encore vivant au lendemain de la présidentielle. S’il doit y avoir, en 2017, un après-Hollande, le premier secrétaire sera, à la tête du parti, le grand maître de la recomposition ou de la résistance, comme François Hollande le fut d’ailleurs, à sa façon, au lendemain du 21 avril 2002. De ce point de vue aussi, les rapports entre Jean-Christophe Cambadélis et de Manuel Valls entrent aujourd’hui dans une nouvelle phase.

4 – La fronde est finie. Elle était d’abord parlementaire. Elle a connu son apogée lors du vote de la loi Macron en première lecture à l’Assemblée. Elle n’a pas su trouver, dans les débats du parti, l’écho qu’elle espérait. La logique qui était la sienne était essentiellement d’amendements. Mais on n’amende pas une motion en en présentant une rivale. L’opposition dite de gauche, au sein du PS, ne peut que se déployer qu’en globalisant son projet. En se réfugiant derrière les frondeurs de Christian Paul, elle a fait un mauvais calcul. Elle était, elle aussi, hétérogène. Elle l’est désormais encore plus dans un espace maintenu où elle va devoir faire la place à de nouvelles tribus. Bref, elle va devoir se serrer, tout en se trouvant un nouveau leader. Pas simple…

5 – Il n’y aura pas de primaires, à gauche, lors de la prochaine présidentielle. La nouvelle majorité du PS soutient la candidature de François Hollande. C’est elle qui, le moment venu, votera, lors d’un prochain Conseil national, la suspension d’une procédure de désignation peu adaptée dès lors que le président sortant entend rempiler. Arnaud Montebourg qui se tenait en embuscade va devoir attendre – ou changer son fusil d’épaule – avant de faire son grand retour sur la scène socialiste.

6 – François Hollande qui est reparti en campagne – on l’a vu cette semaine dans l’Aude – sort à son avantage d’une longue séquence où il a failli perdre le contrôle à la fois de son parti et de sa majorité. Le vote des militants socialistes ne le sauvent pas mais il aurait pu le condamner. Il ouvre une nouvelle séquence qui n’est pas forcément plus simple mais qui, au moins, lui permet de jouer sa partie.